Coupe du monde de football: regarder un match durant les heures de travail ?
ertaines rencontres de la Coupe du monde de football vont se dérouler durant les heures de travail. Ce sera le cas, par exemple, de Croatie-Belgique, le 1e décembre. Vos collaborateurs ont-ils le droit de le regarder en direct durant leurs heures de travail? Éclairage avec Catherine Mairy, Legal Expert chez Partena Professional, qui répond à une autre question au cœur de l’actualité sportive: peut-on venir au travail vêtu d’un maillot des Diables Rouges ?
Regarder un match de foot durant ses heures de travail, possible ou pas? Deux hypothèses sont à distinguer, selon Catherine Mairy. La première concerne le collaborateur en télétravail. « Bien que, de manière générale, on demande au télétravailleur de respecter autant que possible l’horaire de travail habituel, il peut souvent aménager son horaire comme il le souhaite, explique-t-elle. Cela ne doit cependant pas avoir d’incidence sur la gestion du travail au quotidien. Prenons le cas d’un télétravailleur dont la fonction l’amène à avoir des contacts clientèle, il doit être disponible pour ces clients à des moments précis de la journée et est donc obligé d’être joignable durant ces tranches horaires. Si ce télétravailleur souhaite regarder un match de football durant ses heures de travail, cela risque bien évidemment de poser problème et une concertation préalable avec l’employeur sera essentielle. »
La deuxième hypothèse concerne le travailleur dont la fonction n’est pas compatible avec le télétravail. Dans ce cas, il doit impérativement travailler sur son lieu de travail et respecter l’horaire de travail prévu. « Quel que soit son job, ce travailleur n’est, en principe, pas autorisé à regarder un match de football durant les heures de travail », indique Catherine Mairy. Cela dit, il vaut toujours mieux privilégier le dialogue entre les parties pour trouver un arrangement. « Un travailleur qui souhaiterait regarder un match qui se déroule à 15h pourrait, de commun accord avec son employeur, arrêter sa journée de travail plus tôt et travailler à un autre moment. Tout dépendra du type de travail et une appréciation au cas par cas est indispensable. »
Quelle attitude avoir face à un collaborateur qui viendrait sur son lieu de travail vêtu en tenue de supporter? « La législation ne prévoit des prescriptions vestimentaires qu’en rapport avec des règles d’hygiène ou de sécurité. L’employeur peut toutefois inscrire un code vestimentaire dans son règlement de travail qui devra être respecté par l’ensemble (ou une partie) du personnel. Cela doit se faire de manière objective et non discriminatoire car il est important que l’employeur ne fasse pas de distinction entre les membres du personnel. Sur la base du règlement de travail, l’employeur peut infliger des sanctions si le travailleur porte une tenue inadaptée. »
À nouveau, il faut agir avec bon sens, insiste Catherine Mairy. « Et ce, que ce soit tant pour les télétravailleurs que pour ceux qui travaillent sur place. Il est ainsi difficile d’envisager que le télétravailleur puisse assister à des réunions en vidéo conférence avec des clients, vêtu d’un maillot de football; il faut nécessairement respecter le code vestimentaire propre à ce type de réunions. Et le raisonnement est bien entendu le même si la rencontre devait se faire en présentiel. »
L’experte de Partena Professional conclut en pointant qu’une adaptation de l’horaire de travail pourrait être envisagée pour permettre de regarder un (ou plusieurs) des matchs de la Coupe du monde, pour autant que l’employeur et le travailleur marquent leur accord et le confirment par écrit. Dans ce cas, ces modifications devront aussi être affichées dans l’entreprise. « Il faudra, en outre, préciser les jours pendant lesquels l’adaptation de l’horaire sera appliquée comme, par exemple, les jours où la Belgique dispute un match. Quoi qu’il en soit, si une entreprise décide de modifier temporairement les horaires, cela doit impérativement concerner tous les collaborateurs demandeurs et cela, afin d’éviter toute discrimination. »