Le langage corporel, un outil pour renforcer la confiance en entreprise !

amandinelazaron 7 septembre 2022 0 Comments
Happiness,Emotions,,Body,Language.,People,Showing,Positive,Gestures.,Happy,Male
L

a confiance, une denrée rare mais précieuse

.

Bernard Stenier

Avoir confiance, faire confiance, inspirer confiance, donner sa confiance, abus de confiance… : qu’entendons-nous finalement par ces expressions ? Qu’est-ce que la confiance dans notre monde moderne ? À la frontière de la philosophie, de la sociologie et de la psychologie, la notion semble parfois limitée aux nombreux ouvrages de développement personnel sur la confiance en soi.

La confiance, c’est pourtant bien plus que cela. Elle peut être tout à la fois : un ciment social, une relation structurée par des contrats, la source de nombreuses actions, une hypothèse ou une tentative de calcul des risques, un pari, un processus, une dynamique. Le recrutement d’une nouvelle candidate, le recadrage d’un comportement inapproprié, ou la relation conflictuelle avec un collègue sont des exemples de situations professionnelles où le développement de la confiance est une dimension cruciale.

La question principale devient donc : comment parvenir à construire les passerelles qui nous permettent d’établir des relations de confiance dans des contextes professionnels complexes ou incertains ? Et comment anticiper les « ruptures de confiance » ?

Utiliser les indicateurs du langage corporel pour construire la confiance

Pour y arriver, nous proposons de choisir la voie de l’humanité, du dialogue et du débat. Débattre, c’est refuser de se battre, décortiquer les arguments d’influence pernicieux. Redonner sa grandeur à l’humain. Et retrouver la puissance de la rhétorique, où le logos (le message), s’enrichit de l’ethos (posture de l’orateur) et du pathos(les émotions qu’il suscite). Et consolider ainsi une approche holistique de la communication, où le contenu (le fond) et le contenant (la forme) se combinent pour améliorer notre compréhension et notre impact.

Observer comment bougent notre corps et le corps des autres revient à emprunter le chemin du langage corporel, un domaine d’étude étrangement perdu entre linguistique et psychologie. Nous possédons tous une capacité spontanée à interpréter les mouvements corporels de nos interlocuteurs. Au cours des cinquante dernières années, le développement des neurosciences et la disponibilité d’une infinité d’images vidéo ont permis à ce domaine de se professionnaliser et de proposer des schémas d’analyse plus rigoureux.

La compréhension et la maîtrise des principes de base du langage corporel constitue l’une des portes d’entrée dans l’établissement des relations de confiance, en ce qu’elle nous donne des indicateurs et des clés pour anticiper et compléter le discours verbal de notre interlocuteur. Nous proposons d’analyser le langage corporel pour améliorer la qualité et la profondeur des dialogues quotidiens, qu’ils soient professionnels ou privés. Un complément indispensable de la parole orale et écrite. Car toutes les informations « humaines » sont bonnes à intégrer pour prendre les meilleures décisions dans le monde du travail.

L’objectif n’est pas d’utiliser ces méthodes pour décoder et décrypter tout ce qui se cache dans l’âme de l’autre, et lui faire dire ce qu’il ne veut pas exprimer. Il ne s’agit pas non plus d’apprendre les « meilleurs gestes », ce qui conduit souvent à des gesticulations artificielles.

La dynamique de la confiance, les bras qui se croisent ou la bouche qui se crispe…

Comment cultiver et renforcer la confiance ? Le modèle que nous avons développé dans Body Language, Reconnaître et interpréter les gestes de la confiance (éditions Mardaga, 2021) insiste sur l’aspect dynamique de la relation de confiance.

Modèle du cycle de la confiance

Inspirée de la théorie du « Cycle de la Dépendance » de K.Symor, ce modèle montre qu’un “état” de confiance peut être associé à chaque stade du développement de l’autonomie. Suivant les projets, activités et interactions menés avec nos collègues ou partenaires de travail (recrutement, évaluation, feedback,…), nous pouvons avoir comme objectif de poursuivre l’interaction et de consolider la relation (ce qui renforce le degré de confiance réciproque) ou, au contraire, d’interrompre la relation (ce qui aboutit à une rupture de confiance). Dans chacune de ces situations, des indicateurs corporels spécifiques peuvent être observés : la manière d’avancer, de pencher ou faire reculer le buste – les mouvements de la tête    les croisements des bras, des jambes ou des mains – les gestes de grattage – les positions des poignets – la crispation des articulations – les mouvements de la bouche – etc.

Par exemple, et contrairement aux idées véhiculées sur la toile, des bras qui se croisent ou un regard qui part vers l’extérieur ne sont généralement pas des signes de fermeture ou de non-confiance. A travers ces mouvements, l’autre personne montre qu’elle traite ou intègre des informations que vous venez d’échanger.

Quelle signification donner à ces différents mouvements de la bouche ?

 

Mouvements de la bouche

Et à ces mouvements des poignets ?

Mouvements des poignets ?

La réponse n’est jamais simple. Pour donner du sens au langage du corps de l’autre, l’intuition est utile, mais souvent insuffisante. Cette traduction spontanée peut être enrichie par une meilleure connaissance et compréhension des dimensions non verbales de la communication.

Une relation de confiance qui s’incarne dans nos mouvements

La confiance est un phénomène incarné, avec la rencontre de chair, de peau et de nerfs. D’où l’importance de pouvoir bien estimer et jauger le niveau de confiance de la personne avec qui on démarre une interview de sélection, une réunion de négociation, ou un entretien d’évaluation. En écoutant ce qu’elle a à nous dire et en observant son langage corporel, ces gestes et ces mouvements qui nous renseignent sur l’authenticité et la cohérence de son état mental et émotionnel. Faire confiance ne se décrète pas. Dans un monde idéal, il s’agit d’une exploration progressive, d’un apprivoisement à petits pas, comme le préconise le renard en s’adressant au Petit Prince.

« Lors d’un récent entretien de sélection, nous avions quelques doutes sur la motivation de la candidate par rapport à la fonction proposée. Nous étions méfiants. En répondant à une question sur les caractéristiques de sa future équipe, elle se gratta l’arrière de l’avant-bras gauche, possible indication qu’elle cherchait un moyen pour rejoindre l’équipe. Et en fin d’entretien, lorsque nous avons abordé les modalités pratiques d’exercice de ce job, tout le buste de la candidate partit vers l’avant, montrant son implication dans le sujet abordé. Ces mouvements corporels renforçaient qualitativement son discours, auquel nous pouvions donc davantage faire confiance. »

Alors que le déploiement du travail à distance sonne la fin des « petits chefs » vérificateurs et renforce au contraire les collaborations basées sur la confiance et l’autonomie, de nombreuses entreprises et institutions ont adopté une approche zero trust, une stratégie de « confiance nulle » pour sécuriser les accès aux réseaux informatiques et pour protéger les données numériques. Face aux forces du digital, chaque usager, citoyen, client ou employé devient un suspect en puissance, obligé de se cacher derrière des pare-feu et des mots de passe. La fantastique ouverture promise par la transformation digitale ne devrait pas se transformer en liberté contrôlée.

Pour surmonter ces obstacles, nous pouvons nous fier à ce que nous faisons tous le plus naturellement depuis notre naissance : sourire, gazouiller, parler, communiquer et bouger pour nous engager dans des interactions positives et constructives, oser aller vers l’autre, le questionner humblement, l’écouter, et le regarder nous adresser des gestes et des mimiques qui en disent long sur ses intentions.

Laisser un commentaire